Définition
Qu'est-ce le Syndrome du Bébé secoué (SBS ou S.B.S.) ?
"Le syndrome du bébé secoué est un sous-ensemble des traumatismes crâniens infligés, non accidentels, dans lequel c'est le secouement (seul ou associé à un impact) qui provoque le traumatisme crânien. *"
*Définition de la Haute Autorité de santé issue des recommandations de juillet 2017.
SECOUER TUE ou HANDICAPE
SECOUER n’est pas JOUER – JOUER n’est pas SECOUER
Les informations présentées sur le syndrome du bébé secoué sont issues des recommandations de la Haute Autorité de santé, de Santé Publique France et de mon travail avec les professionnels de santé (neuropédiatre, psychologue, experts médicaux…) et des professionnels de la petite enfance.
Le mécanisme du secouement
Le syndrome du bébé secoué est un traumatisme crânien issu des secouements réalisés volontairement par un adulte. L’adulte empoigne le bébé au niveau du thorax ou sous les aisselles et l’agite très violemment d’avant en arrière et/ou sur les côtés.
Lorsque le bébé est secoué, sa tête du bébé est ballotée d’avant en arrière ou sur les côtés. Le cerveau frappe les parois osseuses de la boite crânienne provoquant le déchirement des vaisseaux sanguins entourant le cerveau, des saignements (hématomes sous duraux) et aussi des lésions cérébrales. Ce mouvement du cerveau dans la boîte crânienne est possible du fait que celui, à cet âge n’est pas mature et n’occupe ainsi comme l’adulte la totalité du volume de la boite crânienne.

Illustration issue du livre "La rentrée de Tom, bébé secoué" montrant le mouvement du cerveau dans la boite crânienne.
La vidéo peut heurter la sensibilité des plus jeunes et des personnes non averties. Démonstration du secouement sur un poupon que j'utilise lors de mes interventions.

Pour le cerveau, cela correspond à un choc frontal, en voiture, à plus de 90km/h, avec tonneaux.
Vidéo complète >>ICI<<
Les conséquences du S.B.S.
Quel est l'impact du secouement sur le cerveau?
Les lésions sont produites par les violents secouements imprimés à la tête du bébé, avec des mouvement d’accélération et de décélération.
Le cerveau va frapper contre les parois osseuses de la boite crânienne. Un étirement des veines, appelés veines ponts vont s’étirer jusqu’à la rupture et tapisser de sang le cerveau. Ce que l’on appelle un hématome sous durale.
En même temps, les globes oculaires sont également violemment secoués. Cela provoque ainsi des hémorragie rétiniennes au fond de l’œil.
Quelles conséquences pour le bébé secoué ... et les proches ?
75% des bébés secoués auront des séquelles irréversibles (BEH, Santé publique France, 2019).
Ce qui fait les séquelles est l’atteinte du tissu cérébrale plus que l’hématome sous dural. Dès que le cerveau est impacté , les conséquences sont très importantes, immédiates et irréversibles. Le cerveau ne se répare pas.
Les séquelles sont donc liées aux liaisons neurologiques touchés.
Elles impacteront:
- sa motricité (difficulté à marcher, un coté paralysé)
- les capacités intellectuelles de l’enfant,
- son activité sensorielle tel que l’ouïe et sa vision,
- son comportement (une hyperactivité et une difficulté à se concentrer passant d’une activité à une autre)
Les troubles peuvent aussi se détecter beaucoup plus tard au moment des apprentissages à l’école, avec des difficultés d’attention ou de concentration. On parle alors d’handicap invisible.
Outre l’impact direct sur le bébé secoué, trop souvent est mis de coté les conséquences sur les proches, les parents et la fratrie. Il est important de prendre en compte ces victimes collatérales afin de leurs apporter le soutien psychologique nécessaire pour vivre avec un bébé secoué en vie mais handicapé ou décédé.
Les idées reçues sur le SBS
- Une manœuvre de réanimation ne provoque pas les symptôme du syndrome du bébé secoué.
- Une chute d’une table à langer, d’une chaise haute ne provoque pas le syndrome du bébé secoué.
- Un enfant ne peut pas causer le syndrome du bébé secoué.
- Bébé secoué en le berçant n’existe pas.
- Il n’existe aucun argument scientifique reliant les vaccins et le syndrome du bébé secoué
- Le jeu ne peut pas provoquer le syndrome du bébé secoué. “Jeter” son bébé en l’air ne provoque pas les symptômes du bébé secoué. La tête ne se ballotte pas comme lors du secouement. Dans les 2 vidéos à droite, vous verrez la différence. Je rappelle que le jeu doit être adapté à l’âge de l’enfant.
- Le bébé est secoué, les conséquences sont immédiates.
- Se promener en poussette sur un chemin caillouteux ne provoque pas le syndrome du bébé secoué.
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Ici la personne secoue le poupon
Ici la personne joue avec le poupon

Les symptômes qui doivent alerter
- Malaise grave, apnées sévères voire arrêt cardio-respiratoire
- Vomissement en jet sans fièvre ni diarrhée
- Déficit moteur brutal
- Convulsions
- Pâleur extrême, léthargie, strabisme
- Lésions cutanées, fractures
- Modification du tonus
- Fontanelle bombante
- Cassure vers le haut de la courbe du périmètre crânien
- Troubles du sommeil, troubles de l’alimentation, bébés douloureux, irritabilité
Si votre enfant présente un ou plusieurs symptômes, il n’est pas obligatoirement victime du syndrome du bébé secoué. Si vous constatez divers symptômes, selon la gravité, appelez les pompiers (18), le SAMU (15), allez aux urgences ou consultez votre médecin.
Plus tôt l’enfant sera pris en charge, meilleures seront ses chances de survie et moindre seront les séquelles.
Quelques chiffres sur le S.B.S.
Les données ci-dessous sont issues de la Haute Autorité de santé (recommandations de 2017), de Santé Publique France (rapport BEH de 2019)
- Plus de 500 bébés secoués diagnostiqués. Ce chiffre est sous évalué en raison du diagnostic non posé et d’une sous-déclaration du syndrome du bébé secoué.
- Dans 55% des cas, le secouement est de plus, réitéré. Les bébés sont secoués en moyenne 10 fois.
- Plus de 10% des bébés décèdent.
- 75% des bébés secoués garderont des séquelles physiques et mentales irréversibles: intellectuelles, comportementales, visuelles et motrices
- Âge des bébés secoués : cela concerne un nourrisson de moins d’un an et dans 2/3 des cas de moins de 6 mois. Des cas recensés également jusqu’à 2 ans.
- 98,5% des bébés secoués se font hors des crêches

Qui secoue le bébé ? Qui est le secoueur ?
Il n’y a pas de profil type du secoueur. Ce qui rend encore plus difficile la prévention et la nécessité d’avoir une campagne nationale de sensibilisation.
Néanmoins, en France, toutes les études scientifiques montrent que les 2 principaux secoueurs sont les hommes et les gardiennes (assistante maternelle, baby sitter ou organisme privé) et beaucoup plus rarement les mères.
Certaines études (Pediatrics de 11/2020) montrent que la gardienne est responsable à hauteur de 51% et d’autres, les hommes à hauteur de 70%. Mais dans tous les cas, sans équivoque, les mères, passant le plus de temps avec leur bébé sont plus rarement les secoueurs, à hauteur de 10%.
Qui est concerné?
- .Tous les milieux socio-économiques, intellectuels et culturels peuvent être concernés.
- L’auteur est en premier un homme vivant avec la mère, la gardienne de l’enfant puis, plus rarement la mère.
- Même si il n’y pas de profil type il existe des facteurs à risques pour le nourrisson et pour les parents :
- Difficulté alimentaire / Reflux gastro oesophagien
- Sexe masculin
- Pleurs inconsolables
- Trouble du sommeil
- Prématuré
- Grossesse multiple, rapprochée ou non désirée
- La méconnaissance des comportements et des besoins normaux du bébé
- Isolement social et familial
- Histoire de violences familiales
- Abus d’alcool ou de drogue
- Premier enfant
- Reprise du travail…
Le Syndrome du Bébé Secoué est une maltraitance volontaire donc passible de la cour d’assise.
La prévention est la pierre angulaire de la lutte contre le syndrome du bébé secoué. Comprendre, en parler librement avec sa baby sitter, son assistante maternelle ou proches permettra d’éviter le geste de trop et voir son bébé tant aimé mort ou handicapé à vie.
Un support de prévention est disponible gratuitement en format pdf sur le page actions de prévention.
Les pleurs du bébé

Illustration issue du livre "La rentrée de Tom, bébé secoué"
Comment en arrive-t-on à secouer un bébé?
- Les pleurs du bébé constituent la principale cause du SBS. Le plus souvent, ce drame arrive lorsque l’adulte qui s’occupe de l’enfant est exaspéré et perd le contrôle.
- Le manque de connaissance des parents aux pleurs du nourrisson est l’un des principaux facteurs lié au syndrome du bébé secoué, auquel s’ajoute la difficulté que représente la gestion de la colère face aux pleurs persistants, conjugués à la méconnaissance des dangers de secouer un bébé.
- Bébé pleure? C’est normal! Un bébé pleure 2 à 3 heures par jour mais certains peuvent pleurer plus, même s’ils sont en bonne santé et qu’on s’occupe bien d’eux. C’est leur langage, leur moyen d’expression privilégié et unique pour exprimer un besoin.
- Si les pleurs restent inconsolables ou inhabituels n’hésitez pas à aller voir votre pédiatre ou votre médecin.
Que faire avant d'être exaspéré et éviter le geste de trop?
Tout d’abord, vérifier si l’enfant a :
- faim, sommeil ou de la fièvre
- besoin d’être changé
- chaud ou froid
- s’il y a trop de bruit ou trop de monde
A noter qu’une enquête faite auprès d’environ 700 mères suivies tout au long de la première année de leur bébé a montré qu’au cours des seize premières semaines les pratiques les plus efficaces pour calmer les pleurs étaient de porter l’enfant (88%), de le mettre au sein (82%) et de marcher en le tenant (87%).
Pour calmer bébé, essayez les techniques d’apaisement suivantes :

- succion nutritive ou non
- contact et mouvement (bercer et porter le bébé, peau à peau, un bain chaud)
- Distractions (placer bébé devant un miroir ou quelques choses attirant son attention, aller dehors en poussette, dans vos bras ou faire un tour en voiture)
- Bruits et vibrations (chanter des berceuses, passer l’aspirateur en portant le bébé)
- Massages et enveloppements (mettre le bébé en positon foetale ou le langer, masser son ventre dans le sens horaire)
- Traitements, alimentation pour le soulager de colique, à discuter avec votre pédiatre
L’important quand votre bébé pleure est de l’accompagner. Votre bébé a besoin de sentir votre présence.
Si malgré vos efforts vous n’arrivez pas à le calmer et vous n’en pouvez plus :
- Couchez l’enfant bien en sécurité sur le dos dans son lit
- Quittez sa chambre pour vous calmer
- Appelez votre conjoint ou un ami de confiance pour prendre le relais
- Appelez votre médecin, la PMI, une ligne d’écoute comme Allo Parents bébé
- Prenez des respirations longues et profondes
- Ecoutez de la musique, allumez la télé
- Prenez un livre, une douche….
Ne pas savoir gérer les pleurs de son bébé ne fait pas de vous un mauvais parent.
Un enfant ne risque rien à pleurer dans son lit, mais risque tout dans les bras d’un adulte exaspéré.

Vous n’en pouvez plus? Vous êtes seul (e) et vous avez besoin de parler? Appelez votre médecin, la PMI ou une ligne d’écoute comme Allo parents bébé au 0 800 00 3456 (ligne d’écoute et de soutien, appel gratuit et anonyme.) Des professionnels sont à votre écoute.
Un support de prévention est disponible gratuitement en format pdf sur le page actions de prévention.